DIES ACADEMICUS 2002
Cérémonie du 7 juin 2002
Uni Dufour —Auditoire Jean Piaget
DISTINCTIONS ACADÉMIQUES
PRIX UNIVERSITAIRES
PALMARÈS DES DIPLÔMES ET CERTIFICATS
DÉCERNÉS DURANT L'ANNÉE CIVILE 2001
ACCUEIL
Professeur Maurice Bourquin
Recteur de l'Université de Genève
Au nom des membres du Rectorat, je vous souhaite une très cordiale bienvenue au Dies
Academicus de l'an 2002.
Le Dies revêt cette année un caractère tout à fait exceptionnel. Nous lavons placé sous
le signe de la dimension internationale de l'Université, notamment, en raison de l'attribution
du grade de docteur honoris causa à des personnalités prestigieuses.
Je salue toutes les personnes t'! institutions qui nous font, aujourd'hui. l'honneur de
leur présence.
Aujourd'hui, l'Université de Genève est en fête. Fière de son ouverture vers l'Europe
et le monde, elle desire honorer ses nouveaux Docteurs honoris causa et maintenir ses
liens roboratifs avec la société civile et les organisations internationales.
Professeur Maurice Bourquin
Recteur de l'Université de Genève
A l'occasion de cette journée du Dies Academicus, nous avons voulu placer notre
Université dans sa dimension internationale. Non seulement parce qu'elle est un
acteur important de la République en relation avec les organisations internationales
établies à Genève, mais surtout parce qu'elle est également confrontée au
formidable changement que l'on observe (Jans I 'environnement (le l'enseignement
supérieur mondial. En effet, jusqu'à une époque récente, les universités, qui
défendent la formation de femmes et. d'hommes critiques, aux compétences larges
et conscients des valeurs morales. étaient maintenues à une certaine distance des
marchés commerciaux, où les acteurs opèrent pour un profit. Or, en quelques
années, la mondialisation du commerce. de la production et des communications
a créé un monde fortement interconnecté, entraînant une accélération générale de
la concurrence internationale publique et privée. Comme les autres acteurs des
sociétés développées, nos universités sont maintenant exposées à une combinaison
de forces nouvelles. Ce sont l'accroissement de la demande de formation. le
développement et la diversification de l'offre d'enseignement, l'apparition de
nouvelles technologies de communication et d'apprentissage, l'augmentation de
la mobilité et la naissance d'une économie de la connaissance. Force est de constater
l'émergence d'un marché de l'enseignement supérieur.
Des deux côtés de l'offre et de la demande. les partenaires se transforment. Les
étudiants ne sont plus toujours les jeunes diplômés fraîchement issus de l'école
secondaire. mais également ceux qui, à tout moment de leur vie, décident de
poursuivre des études supérieures. L'enseignement n'est plus seulement dispensé
par les hautes écoles traditionnelles, mais aussi par toutes sortes d'entreprises et
de consortium nationaux et internationaux publics et privés.
Ces secteurs publics et privés ont même tendance à se mélanger. Certains louent
cette évolution, constatant que pour que l'économie se développe. il est essentiel
que l'éducation supérieure soit en phase avec elle. De ce point de vue, une relation
étroite avec le marché mondial ne peut être qu'un avantage. D'autres craignent
que des intérêts commerciaux aient une emprise trop forte sur l'enseignement
supérieur. Des intérêts à trop court terme pourraient prédominer et ces personnes
font remarquer que les buts des universités et des entreprises commerciales
sont différents. Dans les partenariats ainsi formés, les valeurs académiques
pourraient se perdre en faveur de motivations de profits financiers.
Il est vrai que ce ne sont pas tous les secteurs de la formation supérieure qui se
trouvent ainsi confrontés directement au marché mondial, mais plutôt certains
domaines des sciences commerciales, du droit 011 des sciences de l'ingénieur.
Cette situation pourrait donc conduire à une séparation entre éducation
supérieure universitaire académique, mettant en avant la réflexion critique, et
professionnelle, en liaison plus forte avec le marché. Verra-t-on ainsi des
domaines quitter l'Université pour des institutions à but lucratif? Ou l'inverse?
Ces considérations sur l'évolution internationale de l'enseignement supérieur
nous conduisent à nous interroger sur les orientations politiques et académiques
à prendre pour préserver la qualité, la créativité et attrait de l'Université de
Genève. Les points suivants nous semblent à cet egard essentiels.
Tout d'abord, et puisqu'il est question que l'enseignement supérieur soit considéré
comme commercial et donc soumis aux lois du commerce international dans le cadre
du GATS. l'Accord general sur le commerce des services, il est à craindre que cet
accord mette en danger le caractère démocratique et public de l'enseignement
supérieur. Ainsi, il nous semble que nos autorités fédérales devraient être particulièrement
prudentes avant de prendre des engagements dans ce cadre en matière
d'enseignement supérieur. C'est bien lavis exprimé récemment par l'Association
internationale des universités et la Conférence des recteurs des universités suisses.