RAPPORT DU RECTEUR
POUR L'ANNÉE 1930-1931
PAR
M. le
professeur Henri FEHR
EN commémorant chaque année dans une
séance solennelle l'anniversaire de sa fondation,
l'Université tient à rappeler un des
titres de gloire du peuple genevois. Le
5 juin marque une date importante de l'histoire de
Genève: c'est l'anniversaire d'un événement qui eut
les conséquences les plus heureuses pour le développement
de notre démocratie et pour la vie intellectuelle
et morale de notre cité.
Une fois de plus les amis de l'Université viennent
aujourd'hui se grouper autour des professeurs et des étudiants
pour célébrer le Dies Academicus. A maintes
reprises, ils ont donné des preuves tangibles de l'intérêt
qu'ils portent à notre Alma Mater. L'accueil qu'ils ont
fait à l'appel de la Société Académique, dirigée avec tant
d'ardeur et de distinction par M. le professeur Pfaeffli, a
dépassé toutes les espérances. Tous les milieux de la
population genevoise ont pris part à la souscription du
fonds spécial «Pour l'Université de Genève» créé par la
Société Académique. En outre, de nombreux Genevois,
en Suisse et à l'étranger, et un grand nombre d'anciens
étudiants habitant hors de Genève ont tenu à verser
leur part à ce fonds destiné à assurer à l'Université le
développement qui la maintiendra digne de la Schola
Genevensis dont l'influence sur l'évolution du monde
moderne a été si considérable. Aujourd'hui, comme lors
de la fondation de l'Académie de Calvin, le peuple de
Genève a compris que le trésor public de notre petite
République ne peut suffire à l'entretien d'une université
qui, dès ses débuts, a pris un caractère nettement
international.
En moins de six mois, la Société Académique a réuni
pour son nouveau fonds plus de 725.000 francs et la
souscription n'est pas encore close. Je suis heureux de
l'occasion qui m'est offerte de féliciter et de remercier
publiquement le Comité de la Société Académique de
son initiative et de ses efforts. Au nom de l'Université,
j'adresse à tous les souscripteurs l'expression de notre
vive gratitude.
DÉCÈS
Depuis le dernier Dies Academicus, nous avons eu le
chagrin de perdre cinq de nos professeurs honoraires:
deux anciens recteurs, MM. les professeurs Adolphe
D'Espine et Raoul Gautier, et trois anciens doyens de la
Faculté des Lettres, MM. les professeurs Charles Seitz,
Adrien Naville et Paul Oltramare. Chacun dans son
domaine occupa avec une grande distinction sa place
dans notre Haute Ecole et dans les Sociétés savantes
dont ils ont fait partie. Par leur enseignement et par
leurs travaux scientifiques, ainsi que par le rôle qu'ils
ont joué dans les commissions internationales, ils ont
rendu d'éminents services à l'Université.
ADOLPHE D'ESPINE. — Décédé le 22 juillet 1930,
il était né à Genève le 21 février 1846. Ancien élève de
notre Faculté des Sciences, il fit ses études médicales à
Paris où il obtint le grade de docteur en médecine en
1872. Lors de la création de notre Faculté de Médecine,
en 1876, ii fut appelé à la chaire de pathologie interne.
Avec lui disparaît le dernier survivant des professeurs
nommés à cette époque. Lorsqu'en 1908 l'Etat créa une
chaire de pédiatrie, ce fut le professeur d'Espine qui
fut chargé de la clinique infantile. Doyen de la Faculté
de Médecine de 1898 à 1900, vice-recteur en 1902,
Adolphe d'Espine a revêtu la charge de recteur de 1902
à 1904. C'est lui qui inaugura, en 1904, la célébration
annuelle de la fondation de l'Université. Il prit sa retraite
en 1921 et fut nommé professeur honoraire le 21 octobre
1921.
ADRIEN NAVILLE. — Né le 6 février 1845; décédé le
24 septembre 1930. Fils du grand philosophe Ernest.
Naville, il fit ses études à Genève. Licencié en théologie
de notre université, en 1872, ii y enseigna en qualité de
privat-docent de 1873-1875. Adrien Naville fut nommé
professeur de philosophie à l'Académie de Neuchâtel
en 1876. En décembre 1892 ii fut nommé professeur de
logique et de classification des Sciences à. notre Faculté
des Lettres et des Sciences sociales aux destinées de
laquelle il présida en qualité de doyen, de 1896 à 1902.
Afin de pouvoir se consacrer entièrement à ses travaux,
il prit sa retraite en 1914. Il fut nommé professeur
honoraire le 26 mai 1914. Ii fit encore des cours libres
de 1914 à 1918.
PAUL OLTRAMARE. — Né le 6 avril 1854, ii était fils
du savant latiniste André Oltramare. Comme son collègue
Charles Seitz, il fut d'abord maître au Collège. Il débuta
dans l'enseignement universitaire en 1893 en qualité de
professeur suppléant d'histoire des religions et fut nommé
professeur extraordinaire en 1895. A la mort de son père,
en 1896, ii fut appelé à la chaire de langue et de littérature
latines. Il occupa les fonctions de doyen de la
Faculté des Lettres et des Sciences sociales de 1902 à
1903. Lorsqu'en 1927 des raisons de santé l'engagèrent
à prendre sa retraite, il fut remplacé par son fils, M. le
professeur André Oltramare. Le Conseil d'Etat lui conféra
le titre de professeur honoraire par arrêté du 10 décembre
1927. Paul Oltramare est décédé le 22 octobre 1930.
CHARLES SEITZ (5 février 1860, 24 juillet 1930). —
Après de solides études de philosophie et d'histoire faites
à Genève, puis à Iéna et à Leipzig, Charles Seitz fut
nommé régent de la III me classique au Collège. En 1889,
il obtint le grade de docteur ès lettres et, en 1899, lors de
la mort de Pierre Vaucher, il fut nommé professeur d'histoire
ancienne et contemporaine à la Faculté des Lettres.
Secrétaire du Sénat de 1901 à 1905, Charles Seitz fit de
nouveau partie du Bureau en qualité de doyen de la
Faculté des Lettres et des Sciences sociales de 1910 à 1912.
En 1928, sur la demande du Département il accepta la
lourde tâche de directeur du Collège, fonction qu'il
occupa avec une grande compétence pendant quatre ans.
Il reprit ensuite son enseignement universitaire jusqu'au
moment où des raisons de santé l'obligèrent à donner sa
démission, après 45 années de services rendus à l'enseignement
public et au pays. Le Conseil d'Etat lui conféra
le titre de professeur honoraire de l'Université.
RAOUL GAUTIER (né à Cologny le 15 avril 1845; décédé
le 19 avril 1931). —Après avoir fait ses études à Genève
et Leipzig, Raoul Gautier obtint le grade de docteur
ès sciences mathématiques de l'Université de Genève en
1888. Pendant près de 40 ans, il a vécu la vie de notre
Haute Ecole dans laquelle il débuta, en octobre i888,
en qualité de privat-docent. En 1889, à la mort de
Charles Cellérier, Raoul Gantier fut nommé à la chaire
d'astronomie, tandis que l'enseignement de la mécanique
fut confié au regretté Charles Cailler. D'accord avec
Emile Gantier, directeur de l'Observatoire, les autorités
estimèrent qu'il y avait lieu de réunir de nouveau les
fonctions de directeur de l'Observatoire et de professeur
d'astronomie.
Nommé directeur honoraire de l'Observatoire, Emile
Gantier eut la satisfaction de voir la double fonction
confiée à son fils.
En 1895, l'enseignement de la géographie physique,
qui n'avait pas été repourvu depuis la mort de Cellérier,
fut de nouveau attribué à la chaire d'astronomie. En
1918, à la veille de prendre le rectorat, Raoul Gantier
renonça à cet enseignement en faveur du professeur
Emile Chaix.
Comment ne pas mentionner la part prépondérante
qu'il a prise aux destinées de notre Alma Mater? Il
s'initia à l'administration intérieure de l'Université en
occupant, pendant huit années consécutives, les fonctions
de secrétaire du Sénat, de 1894 à 1902. Plus tard, il siégea
de nouveau au Bureau du Sénat, de 1906 à 1910, en
qualité de doyen de la Faculté des Sciences, puis de
1916 à 1920, successivement en qualité de vice-recteur,
et de recteur.
Lorsque Raoul Gautier prit sa retraite, en décembre
1927, le Conseil d'Etat lui conféra les titres de professeur
honoraire de l'Université et de directeur honoraire de
l'Observatoire.
DÉMISSIONS ET NOMINATIONS
L'Université a eu le regret d'enregistrer la démission
de deux professeurs ordinaires.
Par arrêté du 29 août 1930, le Conseil d'Etat a accepté
pour le 15 octobre 1930, avec honneur et remerciements,
la démission de M. Hugo de Claparède de ses fonctions
de professeur ordinaire de droit germanique et lui a conféré
le titre de professeur honoraire. M. de Claparède avait
commencé à donner des cours en qualité de privat-docent
en 1900. Nommé professeur extraordinaire d'histoire du
droit germanique en 1906 et professeur ordinaire en 1922,
il enseigna l'histoire du droit moderne pendant vingt-quatre
années. M. de Claparède a prouvé son attachement
à l'Université en continuant à donner plusieurs cours
destinés plus particulièrement aux étudiants allemands
dont il s'occupe toujours d'une façon toute spéciale.
Le professeur Jules Breitenstein, qui avait été subitement
frappé par la maladie en février 1930, s'est vu
contraint de donner sa démission, qui a été acceptée le
26 décembre par le Conseil d'Etat pour la fin du semestre
actuellement en cours. Ce départ constitue une grande
perte pour la Faculté qui espérait pouvoir garder
longtemps encore M. Breitenstein à la chaire du Nouveau
Testament qu'il occupait avec une grande distinction
depuis vingt ans. Le Conseil d'Etat a nommé M. Breitenstein
professeur honoraire de l'Université.
Quelques-unes des chaires devenues vacantes à la
suite de décès ou de démissions ont été repourvues par
le Conseil d'Etat. Lors de la séance de rentrée le
29 octobre 1930, j'ai déjà eu le privilège de souhaiter la
bienvenue aux cinq nouveaux titulaires dont les fonctions
ont commencé avec le semestre d'hiver. La nomination
des nouveaux professeurs de physique expérimentale,
M. Jean Weigle, et de physique mathématique,
M. Arthur Schidlof, a été signalée dans le rapport de mon
prédécesseur.
M. Guglielmo Ferrero, de Florence, le célèbre historien
et publiciste, a été appelé aux fonctions de professeur
ordinaire d'histoire contemporaine à la Faculté des
Lettres pour une heure par semaine pendant le semestre
d'hiver.
M. Edmond Rossier, le savant professeur d'histoire de
l'Université de Lausanne, qui a bien voulu remplacer
provisoirement pendant sa maladie le regretté professeur
Seitz, a été nommé par appel à la chaire d'histoire
contemporaine à la Faculté des Lettres.
C'est un notable accroissement pour la Faculté des
Lettres. La présence de ces deux maîtres éminents
apporte un lustre à l'Université tout entière. L'enseignement
de l'histoire ancienne continue d'être assuré
conjointement par les professeurs de grec et de latin.
M. Antony Babel, docteur en sociologie, a été nommé
professeur ordinaire d'histoire économique à la Faculté
des Sciences économiques et sociales, après avoir suppléé
comme chargé de cours M. le professeur Rappard, absorbé
par sa direction de l'Institut universitaire de hautes
études internationales.
M. Zareh Chéridjian, le praticien bien connu, a été
nommé professeur extraordinaire à la chaire de policlinique
oto-rhino-laryngologique à la Faculté de Médecine,
en remplacement du regretté professeur Pugnat.
C'est avec une satisfaction toute particulière que nous
avons enregistré la promotion aux fonctions de professeur
ordinaire de M. Charles Du Bois, jusqu'alors professeur
extraordinaire de clinique et de policlinique des maladies
vénériennes et cutanées; de M. Pierre Gautier, jusqu'alors
professeur extraordinaire de clinique infantile; de
M. Charles Burky, jusqu'alors professeur extraordinaire
de géographie humaine à la Faculté des Sciences économiques
et sociales; de M. Georges Berguer, jusqu'alors
professeur extraordinaire de psychologie et d'histoire des
religions à la Faculté autonome de Théologie protestante.
Enfin, tout récemment, le Conseil d'Etat a conféré le
titre de professeur ordinaire à M. Dmitry Mirimanoff,
jusqu'ici professeur extraordinaire de calcul des probabilités
et chargé des conférences d'analyse.
M. Eric Kaden a été confirmé pour une nouvelle
période de trois ans dans ses fonctions de professeur
extraordinaire de législation civile comparée à la Faculté
de Droit.
Deux nouveaux enseignements, la radiologie et la
physiothérapie, viennent d'être créés à la Faculté de
Médecine. M. le Dr René Gilbert a été nommé, pour
l'année 1930-1931, en qualité de chargé de cours pour
l'enseignement de la radiologie, et M. le Dr Pierre Besse,
pour l'année 1931-1932, en qualité de chargé de cours
pour l'enseignement de la physiothérapie.
M. Louis Gielly a été nommé chargé de cours pour
l'histoire de l'art à la Faculté des Lettres pour l'année
1930-1931.
Ont été confirmés dans leurs fonctions de chargés de
cours pour l'année universitaire 1930-1931, M. André
Chaix (pour le semestre d'été), MM. Edouard Paréjas et
Charles Valencien à la Faculté des Sciences; MM. Serge
Karcevski, Edmond Privat, Albert Thibaudet à la
Faculté des Lettres.
Signalons aussi les nouveaux privat-docents. Ont été
autorisés à annoncer des cours à la Faculté des Sciences
MM. Jean Baer, Marcel Minod pour les sciences naturelles,
MM. Wiadimir Bernstein et René Dovaz pour
les mathématiques, et M. Chevel Cimerman pour la
chimie analytique; à la Faculté des Sciences économiques
et sociales MM. José Gomez de Silva, pour l'histoire
économique, et Oscar Klug pour la sociologie; la Faculté
de Droit a admis en qualité de privat-docent M. Nathan
Feinberg, docteur en droit, qui donne un cours sur le
statut juridique des minorités en droit positif interne
et international; elle a également autorisé M. Walter
Yung, docteur en droit, à enseigner les principes généraux
du droit français, et M. Marc Ickovicz, docteur
en droit, à annoncer un cours sur les problèmes nouveaux
du droit civil.
A ce sujet, je signale que la question de l'admission
des privat-docents a de nouveau été portée devant le
Bureau du Sénat par deux de nos Facultés qui estiment
qu'il y aurait lieu de rendre plus sévères les conditions
d'accès à ce genre d'enseignement.
L'Université compte actuellement 86 professeurs et
9 chargés de cours. Le nombre des privat-docents est de
76, dont 49 ont fait effectivement un cours au semestre
d'hiver.
CONGÉS ET REMPLACEMENTS
M. le professeur Amé Pictet a obtenu un congé partiel
pour le semestre d'hiver; il a été remplacé pour le cours
de chimie inorganique par M. le professeur Emile
Cherbuliez.
M. le professeur Robert Chodat a obtenu un congé
pour tout le semestre d'hiver; il a été remplacé par son
fils, M. le professeur Fernand Chodat, pour le cours de
botanique et pour la direction du Laboratoire
M. le professeur Charles Bally a obtenu un congé
d'une année; il a été remplacé par M. Albert Sechehaye,
professeur extraordinaire, et par M. Georges Cuendet,
privat-docent.
M. le professeur Waldemar Deonna a obtenu un congé
pour une partie du semestre d'hiver pour raisons de
santé
M. le professeur Charles Borgeaud a été chargé du
cours d'histoire nationale au semestre d'hiver.
M. Albert Malche, retenu au début du semestre par
ses hautes fonctions de Président du Département de
l'Instruction publique, a été remplacé par M. le professeur
Jean Piaget; il a repris son enseignement de pédagogie
à la Faculté des Lettres et à l'Institut des sciences
de l'éducation au mois de janvier 1931.
M. le professeur Gottlieb Meumann ayant sollicité
pour raison de santé un congé pendant l'année universitaire
1930-1931, l'enseignement du droit romain a été
confié à M. le professeur Eric Kaden, et celui du droit
suisse des personnes et de la famille a été réparti entre
MM. les professeurs Paul Carry et Edmond Pittard.
Le cours d'histoire du droit moderne a été donné par
M. Wolfgang Liebeskind, docteur en droit, en qualité
de remplaçant du titulaire de la chaire, qui n'a pas encore
été désigné.
M. Zareh Chéridjian, surmené, a dû prendre quelques
semaines de repos durant le semestre d'été; il a été
remplacé par M. le Dr Edmond Barbey, médecin-adjoint
du Service d'oto-rhino-laryngologie.
M. le professeur David Gourfein, victime d'un accident,
a dû demander un congé qui s'est prolongé durant
tout le semestre d'hiver. Il a été remplacé par Mme Gourfein-Welt,
privat-docent d'ophtalmologie.
Dès le semestre d'été 1930, la Faculté de Théologie
avait chargé M. Victor Baroni, pasteur à Moudon,
de la suppléance de M. Breitenstein, et à la démission de
celui-ci, le Conseil de Fondation, sur le préavis unanime
de la Faculté, a nommé pour la chaire du Nouveau
Testament, M. Baroni, chargé de cours pour deux ans à
partir du 1er juillet prochain. M. Baroni a prouvé déjà, par
sa connaissance approfondie de la langue grecque comme
par sa méthode scientifique, que la Faculté s'était acquis
un précieux collaborateur.
ENSEIGNEMENT
La Faculté des Lettres et le Sénat universitaire ont
émis un avis favorable à la création d'une chaire extraordinaire
de langue rhéto-romane. L'initiative est due à la
Ligue rhéto-romanche, qui serait disposée à faciliter cette
création en mettant à la disposition du Département,
pour une durée de trois ans, une allocation annuelle de
1200 francs. On sait que M. Velleman, privat-docent à la
Faculté des Lettres, enseigne depuis 1917 la langue et la
littérature romanes; son cours a été suivi avec profit par
de nombreux étudiants grisons. La Ligue rhéto-romanche
désire récompenser les services rendus par M. Velleman,
citoyen d'honneur de Zuoz, à la cause de la langue
romanche, notamment par la publication de sa grammaire
et de son dictionnaire. Conformément à l'article 256 de
la loi, cette proposition doit être soumise à l'approbation
des pouvoirs législatifs.
Un projet de loi approuvant la création à la Faculté
des Lettres d'une chaire extraordinaire de langue et de
littérature slaves a été rejeté par le Grand Conseil dans
sa séance du 4 octobre 1930.
Une innovation importante a été introduite à la Faculté
des Lettres sur l'initiative de M. le professeur André
Oltramare. Pour obvier au manque de préparation de
nos licenciés qui se destinent à l'enseignement, la Faculté
a organisé, avec l'actif concours de l'Institut des sciences
de l'éducation, un enseignement spécial d'un caractère
pratique.
A la Faculté de Droit, quelques-uns des cours spéciaux
pour le doctorat ont pu être donnés et ont été suivis régulièrement
par un certain nombre de candidats à ce grade.
La Faculté de Médecine a poursuivi l'étude de l'organisation
d'une école pour l'instruction des candidats aux
professions auxiliaires (infirmiers, masseurs, etc); elle a
décidé d'y joindre un enseignement de diététique. Il faut
souhaiter que bientôt puisse s'ouvrir l'ère des réalisations.
Aux enseignements réguliers annoncés au programme
des cours viennent s'ajouter chaque année des excursions
scientifiques, des visites d'usines ou d'instituts, ainsi
que la visite de quelques services de la Société des Nations
et du Bureau international du Travail.
Les Cours de vacances ont été dirigés avec beaucoup
de dévouement par MM. les professeurs François et
Thudichum; ils ont réuni 310 participants.
A plusieurs reprises nos étudiants ont eu le privilège
d'entendre des conférences que des savants étrangers
sont venus donner chez nous. Mentionnons, entre autres,
les cours organisés par le Centre universitaire d'études
historiques. La liste de ces cours se trouve annexée
au présent rapport. Nous la faisons suivre de la liste
des conférences qu'à leur tour quelques-uns de nos
professeurs ont été invités à donner dans les universités
étrangères.
L'activité scientifique de nos professeurs en dehors de
l'Université se manifeste toujours sous les formes les
plus diverses. Je tiens à signaler ici le rôle important
qu'ont joué MM. Paul Logoz et Paul-Edmond Martin
dans les travaux ordonnés par le Conseil fédéral pour
la défense des intérêts de la Suisse dans l'affaire des
zones. Permettez-moi de les féliciter publiquement et de
les remercier au nom de notre Haute Ecole. M. Logoz
a été appelé à plaider pour la seconde fois devant la
Cour permanente de Justice à la Haye en qualité d'agent
du Gouvernement suisse dans l'affaire des zones et il a
eu la satisfaction d'entendre la Cour prononcer une ordonnance
reconnaissant le droit de la Suisse au maintien
des zones telles qu'elles avaient été établies par les
traités internationaux.
ADMINISTRATION, AFFAIRES INTÉRIEURES
Bâtiments universitaires. —Depuis près de trente ans,
les recteurs qui se sont succédé ont, à de nombreuses
reprises, attiré l'attention des autorités sur l'insuffisance
des locaux et sur la nécessité de renouveler le mobilier.
Une dizaine d'enseignements sont logés provisoirement
en dehors des bâtiments universitaires. Avec l'augmentation
du nombre des étudiants, les salles de cours sont
devenues trop petites. Plusieurs projets ont été envisagés;
la grande guerre, puis le régime des économies et la crise
économique en ont retardé la réalisation. Au nombre des
solutions proposées autrefois, celle de la construction d'un
bâtiment spécialement adapté aux besoins de certains
laboratoires de la Faculté des Sciences, notamment de la
physique, reste au premier plan. Pour les sciences morales,
des séminaires pourraient être installés dans le
bâtiment qu'il est question de construire comme annexe
à la Bibliothèque publique et universitaire.
L'effort magnifique que vient de faire la population
en répondant si généreusement à l'appel de la Société
Académique engagera sans doute les pouvoirs publics à
faire un nouvel examen de la question. Nous savons que
M. le Conseiller d'Etat Paul Lachenal s'y intéresse
tout particulièrement. Au cours de sa visite des bâtiments
universitaires, le 28 avril dernier, il a constaté non seulement
l'insuffisance des locaux, mais aussi le mauvais état
du mobilier. Grâce à son intervention, les réparations
les plus urgentes vont pouvoir être entreprises pendant
les vacances, en attendant que l'on trouve une solution
permettant d'assurer, pour une nouvelle période, le
développement des principaux enseignements.
Qu'il me soit permis de saisir cette occasion pour
exprimer à M. le Président du Département de l'Instruction
publique notre vive reconnaissance pour l'intérêt
qu'il veut bien témoigner aux justes réclamations de
1' Université.
L'examen du problème des locaux universitaires sera
l'une des tâches qui incomberont à la Commission
permanente qu'il est question de créer en vue de décharger
le Bureau du Sénat de certaines affaires administratives
et d'obtenir davantage de continuité dans la réalisation
des projets.
Loi sur la limite d'âge. —Jusqu'en 1899, aucune limite
d'âge n'était prévue pour le corps enseignant universitaire.
Lors de la création de la Caisse de prévoyance
universitaire, la limite d'âge a été fixée à 75 ans. Dans
sa séance du 14 février 1931, le Grand Conseil a approuvé
un projet de loi modifiant l'article i8 bis de la Loi sur
l'Instruction publique et ramenant de 75 à 70 ans l'âge
auquel les professeurs de l'Université et de l'Institut
dentaire sont astreints à prendre leur retraite. Dans son
rapport le Conseil d'Etat mentionne qu'il est bien entendu
que la nouvelle disposition ne pourra en aucune façon
modifier la situation des professeurs actuellement en
charge; elle ne sera donc appliquée qu'aux nouveaux
professeurs.
Règlement de l'Université. — Par arrêté en date du
22 août 1930, le Conseil d'Etat a approuvé les modifications
apportées aux articles 158, 165 et 166 du règlement
de l'Université (Faculté de Droit).
En date du 17 mars 1931, le Conseil d'Etat a approuvé
le règlement de l'Université tel qu'il vient d'être collationné
en vue d'une nouvelle impression.
Commissions. M. le professeur André Oltramare
a été désigné par le Sénat comme délégué de 1' Université
à la Commission de la Caisse de subsides pour les étudiants
suisses du gymnase et de l'université.
En remplacement de M. le professeur Fehr, recteur, et
de M. Raoul de Seigneux, professeur à la Faculté de
Médecine, le Sénat a élu MM. les professeurs Briner et
Bujard, membres de la Commission des fonds universitaires.
Le Sénat a réélu MM. les professeurs Robert Chodat et
Victor Martin comme délégués de l'Université à la
Commission scolaire.
M. le professeur Roch, vice-recteur, continuera de
représenter l'Université au Comité du Sanatorium universitaire
de Leysin.
Le Bureau du Sénat a désigné M. le professeur Bujard
pour le représenter au sein de la Commission de l'Institut
dentaire; de son côté, la Faculté de Médecine a désigné
comme délégués MM. les professeurs Cristiani et
Veyrassat.
MM. les professeurs R. Wavre et Ch. Werner ont été
désignés comme délégués du Sénat à la Commission de
l'Institut des sciences de l'éducation.
Médaille universitaire. —L'Université dispose maintenant
d'une médaille que l'on peut appeler la «médaille
de la reconnaissance universitaire» et dont le modèle a
été établi par une commission composée de MM. les
professeurs Ch. Borgeaud, W. Deonna et H. Fehr,
avec le concours de M. A. Jacot-Guillarmod, graveur,
professeur à 1'Ecole des arts et métiers. Nous en donnons
une reproduction photographique en tête de ce fascicule.
Le premier exemplaire a été frappé à l'occasion des
trente ans de professorat de M. Ch.Eug. Guye.
Services administratifs. — En attendant que l'on puisse
obtenir un meilleur groupement des locaux réservés aux
services administratifs de l'Université, nous avons fait
transformer l'installation téléphonique qui relie les différents
services; en même temps le bâtiment des Bastions
a été doté d'une cabine téléphonique avec appareil
automatique à payement préalable.
NOS ÉTUDIANTS
Au semestre d'hiver, le nombre des étudiants a été de
1047, avec 437 auditeurs, soit un total de 1484. Nous
constatons avec satisfaction une augmentation de 122
étudiants sur le semestre d'hiver 1929-1930. Pour le
semestre d'été le nombre des inscriptions jusqu'à ce jour
est de 1086 étudiants et de 243 auditeurs (1072 et 243
pour le semestre d'été 1930).
Le contingent des boursiers que nous envoient les
gouvernements étrangers a encore augmenté cette année.
La bourse Albert Gallatin (3000 francs), mise à la
disposition du Comité d'échange d'étudiants avec les
Etats-Unis, a été attribuée cette année à Mlle Elisabeth
Yard, qui est venue à Genève pour suivre certains cours
de la Faculté des Sciences économiques et sociales et
de l'Institut universitaire de hautes études internationales.
A ce sujet je rappelle que la moitié du montant
de la bourse est due à la générosité de la Société Académique.
Les Etats-Unis nous ont encore envoyé deux autres
étudiantes à titre de boursières, Miss Balmer et Miss
Fitz Maurice.
De notre côté, nous avons pu envoyer une de nos
étudiantes, Mile Yvette Delessert, licenciée ès sciences
sociales, comme boursière à la Temple University (Philadelphie).
M. Hausmann a été admis à rester une deuxième
année à l'Université John Hopkins.
En raison des dispositions adoptées par de nombreuses
universités, le Conseil d'Etat a bien voulu nous autoriser
à accorder aux boursiers des gouvernements une dispense
totale ou partielle des droits d'inscription aux cours, chaque
cas faisant l'objet d'une étude spéciale.
Le nombre des grades conférés pendant l'année universitaire
a été de 205 (on en trouvera la liste à la fin de ce
rapport).
La vie universitaire au sein des sociétés d'étudiants
a été particulièrement active cette dernière année. Le
recteur a été appelé à assister à de nombreuses manifestations:
soirées littéraires et théâtrales, séances commémoratives,
conférences, bals, etc. Malgré tout le plaisir
que j'ai à me trouver au milieu de la jeunesse universitaire,
il ne m'est matériellement pas toujours possible
de répondre à tous les appels.
Je tiens à mentionner ici le succès remporté par le bal
organisé par l'Association générale des Etudiants en
faveur du Foyer des Etudiants et celui donné par
l'Association des Etudiants fédéraux en médecine au
bénéfice du Sanatorium universitaire et du fonds «Pour
l'Université de Genève», créé par la Société Académique.
Sur l'initiative de l'Association générale des Etudiants
et d'accord avec les autorités universitaires et le Département
de l'Instruction publique, l'A. G. a organisé un
Office d'Entr'Aide universitaire ayant pour but de venir
en aide aux étudiants nécessiteux et de faciliter à ceux
d'entre eux qui le désirent la recherche de travaux
rémunérateurs. Cet office qui vient de commencer son
activité avec le semestre d'été 1931, est dirigé par un
comité de trois membres, nommés l'un par le Bureau du
Sénat, le second par l'Association des Anciens Etudiants
et le troisième par le Comité de l'A. G. Les ressources de
l'Office seront constituées par une taxe de 1 franc par
étudiant et par semestre et, souhaitons-le, par des dons
et legs. Le vérificateur des comptes est désigné par le
Bureau du Sénat.
L'Union internationale des étudiants placée sous le
patronage d'un comité présidé par M. le professeur
Gilbert Murray, président de la Commission de coopération
intellectuelle de la Société des Nations, continue
de rendre de grands services à nos élèves. Depuis le 1er octobre
1930, la direction de l'Union a été confiée à M. Max
Habicht qui a rempli cette délicate fonction avec beaucoup
de dévouement et une grande compréhension des
besoins de nos étudiants. Sur son initiative, de nombreuses
conférences, séances de discussion, soirées nationales,
soirées musicales, etc., ont été organisées dans les salons
de la rue St-Léger. Qu'il nous permette de lui adresser,
pour lui ainsi que pour ses collaboratrices et collaborateurs
du comité local, toute notre gratitude. Nos remerciements
vont aussi aux comités dela Maison des Etudiantes
et du Foyer des Etudiants et tout particulièrement à
leurs dévouées directrices Mile Gampert et Mile Berger.
Le Foyer des étudiants dispose actuellement de trois
étages de l'immeuble, 9, rue de Candolle, le premier étage
étant réservé au restaurant; les deux étages supérieurs
ont été transformés en chambres d'étudiants destinées
à des jeunes gens de condition modeste.
Nous tenons à rappeler aussi les grands services que
rend le sanatorium universitaire de Leysin, dû à l'initiative
courageuse de M. le docteur Vauthier, ainsi que la
Caisse d'assurance en cas de maladie pour les étudiants,
administrée par M. le professeur Folliet avec le concours
de son collègue M. Wiki.
Parmi les oeuvres en faveur de nos étudiants, il en est
encore une autre qui nous a particulièrement préoccupés
cette année. Jusqu'ici les pouvoirs publics et les autorités
universitaires sont restés complètement étrangers à
tout ce qui touche à l'éducation physique et au sport dans
l'enseignement supérieur. Afin d'obtenir plus de continuité
dans l'appui et les encouragements que mérite la
Société sportive de l'Université, nous avons institué une
commission sportive universitaire. M. le professeur Malche
a bien voulu accepter la présidence de ce comité composé
en outre de MM. les professeurs Collet et P. E. Martin,
du recteur, de M. le Dr Brandt, le très actif et dévoué
directeur de la Société sportive, du président de cette
société et d'un délégué de l'A. G. Au moment où Genève
s'apprête à recevoir, dans quinze jours, le dix-huitième
championnat universitaire suisse, il est bon que le
comité d'organisation soit assuré de la sympathie et de
l'appui non seulement de l'Université, mais de la population
tout entière.
Trois nouvelles associations d'étudiants se sont constituées
avec l'autorisation de l'Université: l'Association
des étudiants allemands, l'Association des étudiants
bulgares et l'Association des étudiants macédoniens.
D'anciens étudiants ont fondé une «Association des
étudiants et anciens étudiants de la Faculté des sciences
économiques et sociales» qui a déjà cette année fait preuve
d'une grande activité et qui publie un bulletin intitulé
«Etudes économiques et sociales».
CÉRÉMONIES UNIVERSITAIRES, INVITATIONS
ET DÉLÉGATIONS
Le 4 juillet 1930, la Société Hachahar a remis à
M. Charles Werner, recteur de l'Université, le diplôme
d'inscription de l'Université de Genève au Livre d'Or du
Fonds national juif. Elle a tenu à témoigner par ce geste
la gratitude des étudiants juifs à l'Aima Mater genevoise.
Le 13 juin, l'Université a été représentée par M. le
recteur Charles Werner à l'inauguration d'une plaque
commémorative apposée rue Dancet, 14, par le club
ukrainien en souvenir de l'historien ukrainien Michel
Dragomanof (1841-1895).
Le 30 septembre, le recteur a assisté, devant l'immeuble
n° 2 de la rue du Rhône, à l'inauguration d'une plaque
commémorative en l'honneur du centenaire du séjour à
Genève, en qualité d'étudiant, du grand poète polonais
Sigismond Krasinski.
Le 26 juillet, M. le professeur Fehr a pris part à Lausanne
aux fêtes de la reconnaissance belge à la Suisse,
en qualité d'ancien Président de l'ancien Comité genevois
de l'oeuvre universitaire suisse des prisonniers de
guerre.
Le 22 octobre a eu lieu l'inauguration du buste de feu
le professeur Jacques Reverdin, dû au sculpteur M. Carl
Angst, et remis au nom de la famille par M. le Dr Isaac
Reverdin, fils du célèbre chirurgien.
Le 18 octobre, le recteur a assisté à la célébration du
deuxième millénaire virgilien, organisée par la Faculté
des Lettres et présidée par son doyen, M. le professeur
Victor Martin.
La séance publique de rentrée a eu lieu le 25 octobre,
devant un nombreux public. Après une courte allocution
du recteur, on entendit une. remarquable conférence
de M. le professeur Guglielmo Ferrero sur l'«Evolution
de la guerre depuis trois siècles».
Suivant la tradition le Comité de patronage a groupé
les nouveaux étudiants à l'occasion d'une réception
organisée à la Salle communale de Plainpalais par M. le
professeur Thudichum.
Le 13 décembre, le personnel administratif du Département
de l'Instruction publique et un grand nombre de
professeurs et d'amis se sont réunis au Palais Eynard
pour dire à M. le Conseiller d'Etat Albert Malche leur
regret de le voir quitter le Département de l'Instruction
publique. M. le conseiller d'Etat Paul Lachenal a relevé
en termes particulièrement heureux combien les éloges
adressés à M. Malche étaient mérités.
Le 18 mai, une modeste cérémonie a eu lieu à la
Clinique médicale pour l'inauguration d'un médaillon
à l'effigie du regretté professeur Bard et dû au talent de
M. Carl Angst, sculpteur. Cette cérémonie, organisée
par M. le professeur Roch, a été honorée de la présence
de Mme Bard et de sa famille. Plusieurs discours furent
prononcés, notamment par le Président du Département
de l'Hygiène, M. le Conseiller d'Etat Bron, qui reçut le
monument au nom de la Commission de l'Hôpital et
par le doyen de la Faculté de Médecine.
Le recteur a eu le privilège d'assister encore à de
nombreuses cérémonies, parmi lesquelles je dois me
borner à citer ici la prestation de serment du Conseil
d'Etat, le 4 décembre; les cultes commémoratifs à la
Cathédrale de Saint-Pierre (le 1er août, le 11 et le 31
décembre); l'assemblée de la Société suisse des professeurs
de l'enseignement secondaire, les 4 et 5 octobre; le
centenaire de l'Observatoire, le 11 novembre; l'assemblée
annuelle de la Société Académique; l'assemblée
annuelle de l'Association des anciens étudiants; l'assemblée
des anciens élèves de l'Ecole de chimie.
Nos trentenaires. — Le 16 juin, M. le recteur Charles
Werner a assisté à la séance organisée par la Faculté
des Sciences à l'Athénée, en l'honneur de M. C. E. Guye,
professeur honoraire, qui a pris sa retraite après trente
ans de professorat. Au cours de la séance, la nouvelle
médaille universitaire a été remise au jubilaire.
Le 17 novembre, la Faculté de Droit a remis la médaille
Bellot à MM. les professeurs Hugo de Claparède et
G. Meumann à l'occasion de leur trentième année d'enseignement.
Le 6 décembre, la Faculté des Sciences a remis la
médaille universitaire à M. le professeur Fehr à l'occasion
du trentième anniversaire de sa nomination comme
professeur ordinaire.
Congrès. — Le 3 août 1930, le recteur a assisté
à la séance d'ouverture du 3me Congrès de l'Union
universelle de la Jeunesse juive, auquel participèrent de
nombreux étudiants.
Du 13 au 15 octobre s'est tenu à Genève le Xe Congrès
de l'Institut international de sociologie, sous la présidence
de M. Cornejo, ancien ministre péruvien. Une
séance publique a eu lieu à l'Aula sous la présidence du
recteur de l'Université. Le comité d'organisation était
présidé par M. le professeur Duprat; au nombre de ses
collaborateurs nous tenons à citer Mlle Duprat et
M. Dérobert, tous deux privat-docents à la Faculté des
Sciences économiques et sociales, et M. Grodensky,
privat-docent à la Faculté de Droit.
M. le professeur Max Askanazy a été chargé d'organiser
à Genève, en octobre 1931, la première conférence
de la Société internationale de Pathologie géographique
et en a été nommé président.
M. le professeur Julliard a été nommé président du
VIe Congrès international des accidents et des maladies
du travail, qui aura lieu à Genève du 3 au 8 août 1931.
Délégations. —L'Université de Genève a été représentée
en juin 1930 à l'inauguration des nouveaux bâtiments
de l'Université libre de Bruxelles par M. le recteur
Charles Werner; au II e Congrès de linguistique romane
par M. le professeur E. Muret; au centenaire de la
Société géologique de France par MM. les professeurs
L. Duparc et W. Collet; au Congrès international
d'anthropologie de Lisbonne par M. le professeur Eugène
Pittard; au 75me anniversaire de l'Ecole polytechnique
fédérale par M. Fehr, qui a été appelé à parler au nom
de la conférence des recteurs; au Championnat universitaire
suisse de skis à Gstaad par M. le professeur
Collet.
DONS ET ALLOCATIONS DIVERSES
La Commission des Fonds universitaires a eu la grande
satisfaction de pouvoir enregister l'offre d'un don
important dont va bénéficier l'Université grâce à la
libéralité de la Fondation Rockefeller à New-York. A la
suite de démarches entreprises il y a plus de deux ans
par M. le professeur E. Guyénot, la Fondation Rockefeller
a décidé d'accorder à l'Université de Genève une somme
de 200.000 francs pour la construction et l'équipement
général d'une station de zoologie expérimentale; elle
demande toutefois que l'Université fournisse le terrain
et assure l'augmentation du coût de l'entretien du laboratoire.
Création unique en son genre, ce laboratoire a
déjà. fourni des travaux du plus haut intérêt pour la
science. Une fois agrandi et doté des instruments
indispensables aux recherches dans la direction nouvelle
tracée par M. Guyénot, il pourra rendre de grands services
à la zoologie expérimentale. Le don du Fonds
Rockefeller est un juste hommage rendu aux mérites
scientifiques de l'éminent professeur.
L'acceptation de ce don, dans les conditions indiquées,
vient d'être soumise à l'approbation du Conseil d'Etat,
qui, sans aucun doute, ne tardera pas à prendre les
dispositions nécessaires permettant à l'Université d'accepter
la généreuse offre de la fondation américaine.
Le 22 octobre le recteur a reçu, au nom de l'Université,
le buste du professeur Jacques-Louis Reverdin, offert
par la famille de l'illustre chirurgien. En acceptant le
monument le recteur a apporté à la mémoire de Jacques-Louis
Reverdin le témoignage de profonde gratitude de
1' Université.
La Société coopérative des pharmacies populaires a
fait un nouveau don de 500 francs qui a été versé au fonds
de l'Ecole de pharmacie.
En attendant l'entrée en vigueur, avec le semestre d'été,
des statuts de l'Office d'entr'aide universitaire, le Comité
de l'Association des anciens étudiants a bien voulu
mettre à la disposition du recteur une somme de 400 francs
afin de lui permettre d'accorder un subside à deux étudiants
qui se trouvaient dans une situation particulièrement
difficile. Je lui réitère ici nos vifs remerciements.
Parmi les fondations administrées par la Commission
des fonds universitaires, il en est un certain nombre dont
les revenus sont destinés à des bourses d'études ou de
recherches. C'est ainsi que, outre les bourses qui figurent
à l'ordre du jour de cette séance, nous avons pu accorder
les subsides suivants:
Fonds des anciens étudiants, créé en 1909. Participation
pour 1000 francs à la Bourse Albert Gallatin.
Fonds Cristos Lambrakis. Bourse de 5000 francs
accordée à M. Samuel Baud-Bovy pour un séjour en
Grèce.
Fonds Adrien Lachenal. La Faculté de Droit a alloué
une somme de 750 francs à M. Henri Duperrex pour
l'impression de sa thèse sur la lettre de gage.
Fonds Solvay. 400 francs à MM. Boissonnas et Susz
pour frais d'appareils concernant des recherches effectuées
au laboratoire de chimie technique.
Fonds Jean de Soukozannette. Deux bourses ont été
accordées pour l'année universitaire 1930-1931, l'une de
2000 francs à M. Kaznatchéeff, l'autre de 1000 francs à
Mile Strashinska.
D'autres fondations sont plus spécialement destinées
à favoriser des travaux de recherches ou à compléter les
crédits de laboratoire. Ce sont les suivantes:
Le fonds Tingry, constitué en 1921 pour l'enseignement
de la chimie; le fonds Muller (1896), pour le laboratoire de
botanique systématique; le fonds Graebe (1904) pour des
recherches en chimie; le fonds Godefroy (1923) pour la
Faculté de Droit; le fonds Dr Constantin Topali (1925)
pour subventionner des recherches biologiques effectuées
dans les laboratoires de la Faculté des sciences; le fonds
Dr A. Wander (1925) pour l'Ecole de pharmacie; le fonds
Eugène Richard (1927) pour la Faculté de Droit; le
fonds Reiger (1928) pour le laboratoire de physique.
Le fonds Disdier a versé à la Bibliothèque publique et
universitaire une somme de 2000 francs pour l'achat
d'ouvrages de philosophie et d'histoire.
Le total des prix académique et des allocations payées
par les fonds universitaires pendant l'exercice 1930-1931
se monte à 34.903 fr. 60.
Chaque année un certain nombre de prix académiques
ou de bourses d'études ne trouvent pas de concurrents.
On ne peut que le regretter. Peut-être les conditions
du concours sont-elles parfois trop restreintes? Quoi qu'il
en soit, je tiens à rappeler ici deux fondations constituées
en 1929:
La Bourse African Spir, fondée par Mme Edouard
Claparède-Spir pour encourager des études de philosophie
et le Prix Gustave Humbert, fondé par Mme G. Humbert
pour le meilleur travail fait à la Policlinique médicale
ou au second Service de médecine de l'Hôpital
cantonal.
Aux allocations payées par les fonds universitaires
viennent s'ajouter chaque année les subsides généreusement
accordés par la Société Académique, qui, de son
côté, a déboursé pendant son dernier exercice 18.867 fr. 50
sur son fonds ordinaire, 22.432 fr. 80 sur ses fonds avec
destinations spéciales et 20.120 francs sur le fonds Gillet,
soit au total de 61.420 fr. 30. Cette somme comprend
les dons faits à l'Université, à la Bibliothèque publique et
universitaire et à l'Observatoire.
Une université internationale située dans un petit
canton comme le nôtre ne saurait se développer sans
des libéralités venant du dehors. Ces suppléments de
ressources permettent à nos enseignements de se maintenir,
dans une certaine mesure, au niveau des exigences
actuelles de la science. ils apportent un précieux encouragement
au corps professoral. En son nom, au nom de
l'Université tout entière, j'exprime notre profonde
reconnaissance à tous les donateurs et tout particulièrement
à la Fondation Rockefeller et à la Société Académique.